Publié par Le Point. PAR ALEXANDRE BORDE. VIDÉO. Le candidat du NPA, très offensif, s'offre une visibilité étonnante au regard de son poids électoral. Luc Ferry l'a appris à ses dépens.
Il s'est qualifié in extremis pour cette dernière ligne droite de la campagne présidentielle. Philippe Poutou, candidat d'extrême gauche du Nouveau Parti anticapitaliste à l'élection présidentielle, s'est offert une belle viralité sur le Web à défaut d'une percée dans les sondages, qui ne le créditent que de 1 % des voix.
Le débat de mardi soir sur CNews et BFM TV se présente à ce titre comme un bouquet final couronnant une stratégie de communication offensive sur les réseaux sociaux. Le ton de Philippe Poutou, et de ses soutiens, semble s'être durci après le premier passage de l'intéressé sur le plateau de l'émission On n'est pas couché sur France Télévisions fin février. Ce soir-là, la chroniqueuse Vanessa Burggraf, prise de fou rire, n'avait pas pu interroger avec clarté le candidat du NPA alors que le sujet portait sur la question grave des licenciements sociaux.
Un fou rire providentiel
Ce passage avait soulevé un tollé sur Internet, car il illustrait la déconnexion des élites médiatiques face au quotidien des classes les plus défavorisées. Philippe Poutou et son équipe ont alimenté la polémique les jours qui ont suivi l'émission. Son audience sur les réseaux sociaux, habituellement calme, avait frétillé une première fois avec 27 000 mentions sur cet épisode télévisuel, selon l'outil de veille et d'analyse des médias sociaux Talkwalker.
Excédé par les critiques adressées à son émission, Laurent Ruquier a dû réinviter le candidat du NPA la semaine dernière pour satisfaire aux exigences du CSA à propos de l'égalité de temps de parole des candidats. Le présentateur n'a alors pas manqué l'occasion de lui faire part de son mécontentement, quitte à l'empêcher d'exposer correctement son programme, ce qui a soulevé un second tollé sur le Web qui a donné encore plus de visibilité à Philippe Poutou. L'audience de ce tweet, partagé plus de 18 000 fois, en est un indicateur.
Deux autres sorties du candidat du NPA ont aussi fait grimper sa cote. Il y a d'abord eu son poisson d'avril où il annonce rallier Emmanuel Macron. Puis sa bande-annonce agressive le jour du grand débat de ce mardi soir, où il annonce qu'il va se retrouver en compagnie de "voleurs" et de "menteurs".
Qd t'es le seul ouvrier candidat,que tu as galéré pour tes 500 signatures et que tu passes à 2h du mat' Définition du mépris #ONPC #Poutou pic.twitter.com/C0pJ01UNPa
— J't'ai à l'œil... (@OeilDeLynx6969) 2 avril 2017
"Marcel"
Tous les ingrédients étaient donc réunis pour permettre à Philippe Poutou d'être l'attraction surprise de ce débat. Les chiffres donnés par Talkwalker sont éloquents : les trois mots les plus utilisés lors de ce débat sont poutou sans hashtag (environ 248 500), #JeVoteFillon (104 500) et... poutou avec hashtag (102 961). Tous les autres postulants à l'Élysée ne dépassent pas les 100 000, y compris Jean-Luc Mélenchon, pourtant jugé le plus convaincant selon les sondages, et Jean Lassalle, raillé sur le Web pour son élocution difficilement compréhensible.
Ce plébiscite numérique est dû évidemment à ses attaques frontales contre François Fillon et Marine Le Pen, dont il a dénoncé la corruption. Le buzz a été tel que même des hashtags écrits dans la précipitation et mal orthographiés comme "pouton" ont du succès. Son show de mardi soir lui a ainsi permis de "capitaliser" presque 300 000 mentions lui faisant référence.
Cerise sur le gâteau, le couronnement de Poutou par Twitter lui a été offert le lendemain sur un plateau par l'ancien ministre et soutien de François Fillon Luc Ferry. Sa saillie sur la tenue du candidat, jugée débraillée, a déclenché une avalanche de protestations.